Bien malheureusement, il va falloir passer dès à présent à quelques définitions. Bien entendu, il ne s’agit pas de définitions absolues, ni même de définitions arrêtées, mais simplement de quelques clarifications autour de notions que j’emploierai très souvent dans la suite de ma recherche et donc dans les articles à venir.
Le terme de cross-média étant assez récent, les définitions que j’ai pu récolter autour du sujet sont encore assez flottantes d’autant plus qu’on se retrouve très facilement confronté à une multitude de mots dont les définitions sont proches comme transmédia, Xmédia, global média, cross-média, transmedia storytelling… Néamoins, dans le sombre magma de définitions et de termes qui s’entrecroisent, le cross-média semble se diviser en deux grandes tendances : « Le cross-média par adaptation » et « le cross-média par interaction » qui n’est en réalité qu’une sous-catégorie de la première tendance, pour le moment… (Ces deux tendances sont définies par Romain Gandia dans sa thèse de doctorat : L’organisation du processus d’innovation pour créer et s’approprier de la valeur, une application aux secteurs du jeu vidéo et de l’animation, 2010)
Le cross-média par adaptation, aussi nommé simplement cross-média, Xmédia ou global média est en quelque sorte un thème générique dans lequel les « gens » mettent toutes sortes de projets dont le sujet se répand simultanément sur, au moins, deux supports différents. C’est le cas de très nombreux projets diffusés tous les jours dans le monde. Comme certaines productions à gros budjet tel que Avatar de James Cameron (img ci-dessous) qui sera diffusé quasi simultanément sous forme de jeu et sous forme de film.
Mais, pour moi, ce genre de projets ne possèdent pas les mêmes attraits que les projets de cross-média par interaction aussi appelés transmédia.
Ce type de projet sera mis en avant pour la première fois par Henry Jenkins, chercheur au MIT dans son article Transmedia Storytelling paru dans Technologie Review , 15 janvier 2003.
Les projets transmédia ne sont pas simplement une sous-catégorie de cross-média, mais une forme très particulière de création multisupport. En effet, le transmédia possède plusieurs particularités absolument étonnantes :
— Un projet transmédia permet à plusieurs supports d’être en synergie créant par là même une rétroaction narrative d’un support à un autre. C’est-à-dire que l’intrigue qui se poursuit parallèlement sur les différents supports a des répercussions d’un support à un autre.
— Un projet transmédia possède, pour une même histoire, plusieurs points d’entrée, c’est-à-dire que le « spectateur » peut pénétrer dans l’univers par chacun des différents supports sur lesquels l’histoire se raconte.
— Le spectateur, ou pourrait-on dire l’utilisateur, d’un transmédia complète l’histoire en navigant sur les différents supports qui servent de réceptacles à l’histoire.
C’est le cas des ARG (jeux à réalité alternés) qui proposent aux joueurs de vivre une aventure plurisupports très immersive, un peu sur le principe du film The game (David Fincher, 1997).
Vous trouverez de très bons articles (riches en exemples), sur les transmédia, en particulier les ARG, sur le blog de Julien Aubert : Fais-moi jouer !
Pour conclure, la nuance entre cross-média et transmédia est difficile à comprendre, d’autant plus que les projets transmédia sont aussi des cross-média, mais tous les projets cross-média ne sont pas des transmédia, loin de là…
Lors des petits déjeunés Transmédia organisés par Cap Digital, dans le cadre des Think Transmédia, OlivierMissir (Directeur nouveaux média et nouveaux services — Idéactif Holding) à très justement définit ce qui oppose les deux termes :
« Le cross-média c’est l’exploitation des supports existants tandis que le transmédia c’est l’exploitation de la narration sur plusieurs supports. »
Je ne souhaite pas m’étendre davantage sur les définitions qui seront probablement encore très longtemps sujettes à débat. Vous en trouverez de nombreuses sur le web, mais elles sont souvent contradictoires, c’est pour cela qu’il me semblait nécessaire de synthétiser ici ma vision d’ensemble de ces nombreuses définitions avant de passer à la suite. Je vous dis donc « à bientôt » pour de nouvelles pensées multisupports, qui seront, je l’espère, un peu moins ennuyeuses que ce petit passage obligatoire sur les définitions.
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[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par Marsattac et Olivier Dubuquoy. Olivier Dubuquoy a dit: http://karleen.fr/lundis-cross-media-la-malediction-des-definitions/ […]
[…] Macaco est un projet cross-média composé de plusieurs histoires dispatchées sur différents […]
[…] du milieu. La plupart des cross-média ayant réellement une dynamique, une interactivité transmédia ont été conçus par ce « super-créateur ». Bien entendu, dans certains cas, ce […]