J’ai vu récemment au Théâtre de la Ville à Paris le dernier spectacle de Pina Bausch « … Como el musguito en la piedra, ay si, si,si… » dont la première représentation avait eu lieu le 12 juin 2009 à Wuppertal.
C’est un spectacle avec des scènes très graphiques, très « belles ». On y rencontre des scènes de vie, de joies, de peurs et de peines.
Ce qui m’a interpellé et passionné lorsque j’ai vu Como el musguito en la piedra c’est la dimension hybride de cette création. Et j’insiste sur le mot création : pour moi ce n’était pas simplement un spectacle, c’était la mise en évidence, la recréation d’émotions humaines.
C’était comme un patchwork d’émotions. C’est là qu’intervient la dimension hybride : ce n’était pas simplement de la danse, ni du théâtre, ni de la performance « pure », c’était un petit bout de tout ça réuni.
Comme si la danse, le théâtre, et la performance n’étaient que des outils, que de simples supports utilisés pour faire naitre l’émotion.
Même si le rapport n’est pas évident, je ne vais pas pouvoir m’empêcher de le faire : pour moi, les transmédias réussis sont ceux qui ont su se servir des médias comme un support de l’histoire, comme des outils de narration et de création. Ce que fait Pina Bausch avec les outils danse, théâtre et performance me fait penser à ce processus transmédia. Un auteur transmédia crée un univers qui va ensuite trouver ses différents supports (film, web, etc.), ce qui fait qu’au final ce n’est pas le support qui compte, mais ce qu’il nous apporte. L’histoire se déroule indissociablement sur le web, dans le jeu, et on ne se souvient pas précisément du jeu ou du site, mais juste de l’histoire qu’on a vécue en suivant la narration sur ces différents supports.
Et bien, pour moi il s’est passé la même chose quand j’ai vu le spectacle de Pina Bausch, je ne sais pas trop si j’ai vu de la danse, du théâtre ou des performances, mais je me souviens qu’on m’a raconté quelque chose.
La preuve en est: j’ai voulu raconter à une amie ce que c’était que ce spectacle de Pina Bausch, mais décrire ce que j’avais vu était aussi difficile qu’inutile.
De plus, la personne avec qui j’avais vu le spectacle n’avait pas retenu les mêmes scènes que moi. Chacun avait vu des choses, chacun avait retrouvé des émotions, parfois ironiques, parfois drôles, parfois effrayantes. Au final, c’est comme si ce spectacle avait quelque chose d’intime, qui ne se raconte pas.
On sort de la salle le coeur réveillé, l’esprit lointain. Le temps a passé vite. Et on remporte chez soi une impression générale un peu floue comme si on avait traversé en 2H40 un éventail quasi complet des émotions humaines.