Le cross-média : Superconsommation ou supercréation ?
Nous avons dit précédemment que les histoires depuis qu’elles existent se racontent de différentes façons : par le théâtre, le chant, les contes… Mais actuellement notre environnement évolue, nous voyons émerger de nouveaux supports de communication, les moeurs changent. Nous « consommons » plus d’histoires sur des supports plus variés. Aller au cinéma n’empêche pas de regarder ensuite des séries sur le web tout en Chatant avec son mobile. On se retrouve ainsi avec des consommateurs drogués de nouvelles technologies, addicts du Web social et toujours en quête d’une nouvelle histoire. Face à ce consommateur gourmand, nous créons toujours plus de nouvelles distractions et au final le consommateur se retrouve devant une offre pléthorique de nouvelles histoires, de nouveaux univers, toujours de plus en plus extraordinaires. Bien sûr, je caricature un peu ce qui se passe, mais l’idée est là. Dès que nous avons fini une aventure, nous nous en faisons conseiller une autre : qui n’a pas sa liste de films, séries, livres, spectacles, expo qu’il aimerait bien voir/avoir dans les prochains mois ?
Ce phénomène semble avoir deux conséquences importantes :
Premièrement, il est fatigant pour nous, spectateurs, de toujours changer d’univers, de s’identifier à de nouveaux héros, et surtout de trouver une histoire qui nous a autant plu que celle d’avant. C’est aussi le drame de la fin d’une histoire dont nous avons parlé la dernière fois.
Deuxièmement, la durée de vie d’un projet est assez réduite, passé le buzz, l’effet de mode, il tombe souvent dans l’oubli.
Face à cela que peuvent faire les producteurs de projets ? Comment garder un spectateur attentif et comment prolonger la vie, la consommation du projet ?
Peut-être en créant des univers plus grands (ou plus exploités), qui engendreraient de nombreuses adaptations permettant au consommateur de profiter plus longtemps de l’univers ?
Et c’est ce qu’ils ont fait. Ils ont créé des SUPERproductions : un univers qui envahit en quelques mois, nos PC, nos Consoles, nos bibliothèques, nos salles de cinéma, nos Iphones et nos espaces publicitaires.
C’est ce qui se passe par exemple avec des productions telles qu’Avatar de James Cameron ou encore le fameux Harry Potter (image ci-dessous).
L’univers très riche associé à la production quasi simultanée de jeux, goodies… en font des univers qui perdurent dans le temps bien plus longtemps qu’un simple film.Ce genre de projets deviennent des références, on crée autour d’eux une image de marque en quelque sorte, qui rassurera le spectateur quant à la qualité de l’histoire qu’il s’apprête à vivre, à acheter.
Mais nous sommes en droit de nous demander où se trouve la créativité dans cette masse de produits, d’adaptations destinées à faire vivre « artificiellement » un projet plus longtemps afin d’éviter au spectateur la fin de l’histoire, le changement d’univers, mais aussi pour éviter au producteur la fin de la consommation de cette superproduction ?
J’avoue ne pas avoir encore de réponse très claire pour cette question, néanmoins j’aimerais attirer votre attention sur un fait qui me semble important. Pour cela, remontons au début du cinéma. (Ci-dessous : Affiche cinémascope et Extrait du Film de G. Méliès)
Lors de la création de cette technique de projection d’images animées, nul ne pouvait imaginer qu’on assistait à la naissance du 7° art. Pourtant, cette découverte fut très rapidement accaparée et apprivoisée par des artistes-créateurs comme Méliès, Griffith ou Dreyer.
Il en est de même lors de la naissance de l’ordinateur. Nul ne se doutait que cette machine à calculer géante serait volée par des artistes créateurs qui la manipuleraient jusqu’à donner naissance à l’art numérique. Je ne détaillerais pas davantage ces deux phénomènes, mais vous trouverez aisément des informations complémentaires notamment ici
Ainsi, on peut constater que presque malgré lui l’homme s’empare de ce qui le fascine pour créer. Créer de l’émotion, un univers, une histoire, créer de l’art.
En partant de ces deux affirmations, nous pouvons donc imaginer que tout comme le cinéma s’est emparé de la découverte des frères Lumière, l’homme s’emparera de cette nouvelle chose : le cross-média. On peut en effet voir une certaine fascination pour le cross-média, et l’émergence de projets « hybrides » comme certains projets transmédia. Peut-être sommes-nous à la recherche d’une nouvelle forme de création et même d’une nouvelle forme d’art ?
Certains diront que toutes les découvertes technologiques ne sont pas devenues une forme d’art. Mais, le cross-média ce n’est pas seulement une découverte technologique, mais nous en reparlerons…
One Response
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.
[…] Cycle de conférences en accès libre ! Les conférences ont lieu à Paris IT & Design Campus, Amphithéâtre d’Alésia 99/101 avenue du général Leclerc, 75014 Paris, métro Alésia. J’ai le plaisir de participer à ce cycle de conférences mercredi 19 janvier de 15 h à 16 h pour vous présenter quelques problématiques sur le transmédia. Ma présentation s’intitule :Cross-média : de la superproduction à l’outil de création artistique ? Sujet que j’avais abordé récemment dans l’article : Le cross-média : Superconsommation ou supercréation ? […]