Les Hommes aiment les histoires, les contes, ils aiment rêver. Cette affirmation est peut-être discutable, mais pour le moment je la considèrerais comme vraie. Si on se souvient, au travers du temps, on retrouve toujours dans la vie des Hommes les histoires. Elles n’ont pas toujours eu le même rôle et on les a rencontrées sous plusieurs formes comme la narration orale, première façon de faire passer un héritage culturel et historique, le théâtre antique, une purgation des passions ou, plus récemment, les contes de fées et de dragons qui d’après certains psychologues jouent un rôle important dans la construction et l’éducation des enfants (pour ceux qui souhaiteraient en savoir davantage voir : The Uses of Enchantment, traduit en français sous le titre Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim, 1976) … Ainsi bercés par les contes, on grandit et un jour, on se lasse souvent de ces contes qui peuvent sembler simplistes.
Pourtant, une fois adultes, on aime s’identifier au héros d’un film, on aime imaginer ce qu’un artiste a pu ressentir lorsqu’il a peint tel ou tel oeuvre, on aime regarder un opéra et laisser l’univers musical poétique et narratif prendre vie en nous. Ainsi, nous allons toujours au théâtre, à l’opéra, au cinéma, à certaines expositions d’art, et tout cela nous permet d’admirer, de rêver, de faire appel à notre sensibilité, de s’identifier à un autre, d’avoir l’impression parfois de vivre quelque chose par procuration et nous rentrons souvent chez nous avec une histoire ou simplement un rêve dans la tête.
Mais aujourd’hui, nous sommes envahis de nouvelles histoires, il y a tellement d’expositions, de films, d’opéras qu’il faut faire des choix. De plus, une offre pléthorique de nouvelles manières de rêver nous tend les bras, avec notamment la démocratisation des jeux en ligne, des consoles portables et de l’internet mobile. Et c’est étrange, car d’une certaine manière, après avoir vogué un certain temps sur des centaines d’histoires (jeux, films, etc.), cela peut sembler très lassant. C’est comme si c’était fatigant de changer d’histoire, d’univers.
En effet, lorsque j’étais enfant, probablement comme tous les autres enfants, je ne me lassais jamais de voir et revoir le même dessin animé que j’aimais, c’est un peu différent en grandissant, mais pourtant lorsqu’on suit une série, par exemple, on est heureux à chaque nouvel épisode de retrouver nos héros, on a l’impression de les connaitre de plus en plus et lorsqu’une série est terminée on se sent un peu triste et c’est exactement la même chose quand on lit un livre, même si la fin nous a plu, lorsque l’histoire se termine on se sent comme désemparé. Souvent on cherche une nouvelle histoire, un autre Opéra, quelque chose qui comble le vide de la fin de cette histoire aussi imaginaire soit-elle.
Face à ce drame de la fin de l’histoire, qui n’a jamais rêvé d’une histoire multiple qui revient encore quand elle est terminée. Qui n’a jamais rêvé de savoir ce qu’avait vécu ce personnage secondaire si attachant, qui n’a jamais eu envie de voir enfin comment ce personnage si méchant a pu en arriver où il est ? C’est ce que nous permet de faire aujourd’hui le cross-média. On vit avant tout une histoire, mais l’univers de celle-ci persiste. Après l’histoire il y aura d’autres histoires dans lesquelles on rencontre de nouveaux héros tout en recroisant les anciens. Après avoir suivi la série, on pourra retrouver des intrigues parallèles avec le jeu en ligne, etc. Bien entendu, tous les projets cross-média ne sont pas des histoires sans fin, loin de là, mais ils mettent en scène un univers tellement fourni, que le spectateur peut naviguer jusqu’à plus soif dans cet univers qui lui plait en y vivant de nouvelles aventures sans subir le deuil de la fin de l’histoire.
Bien sûr le cross-média ce n’est pas uniquement ça, mais nous en reparlerons…
2 Responses
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Merci pour tes articles sur le cross média chère Karleen.
Je suis tout à fait d’accord avec toi : en tant que spectateur on a ce désir irresisistible d’une histoire sans fin. Quand on a appris à aimer des gens, on ne voudrait jamais les quitter.
Mais est ce que cette exploitation de notre besoin ne se fait pas au détriment de la créativité et de linteret de lœuvre ? Alors qu’une œuvre est souvent un moyen de defendre des idées, que reste il quand on continue à créer simplement pour garder une audience ?
Je retourne à mes crayons :)
( message écris avec mon portable, désolé pour les fautes )
Déjà merci de me lire.
Il me semble que le créateur aussi peut se complaire un certain temps dans cet approfondissement de sa création et qu’a partir de là, il ne s’agit pas seulement, pour le créateur (ou son équipe) de garder une audience mais d’aller, pour une fois peut être, au bout d’un rêve qu’il veut faire partager. Mais c’est une question qui me pose déjà des problèmes, je l’avoue, j’y reviendrai très probablement dans un prochain article :)