.Les productions cross-médias sont très souvent réalisées dans un but de productivité, reléguant au second plan l’aspect créatif d’un projet. Lors du dernier Forum Blanc, nous nous sommes continuellement interrogés sur la clef, la solution, la potion magique qui permettrait d’avoir un véritable transmédia bien rentable et continuellement nous avons conclu de la même manière : il faut déjà une idée qui marche, un univers riche et créatif qui puisse alimenter une histoire pendant des heures, et des heures et ce, sur différents supports.
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Avez-vous déjà eu une idée ? Une idée de jeu, de film, de roman ? Est-ce que cette idée venait d’un univers particulier, un univers qui vous est propre ? Et surtout si on vous avait demandé de créer à partir de cette idée, un autre projet, plus gros qui se déclinerait sur plusieurs supports, est-ce que cela aurait été possible sans édulcorer votre idée et votre histoire ?
Je pose cette question parce qu’il me semble important de se rendre compte qu’on ne peut pas faire un cross-média à partir de n’importe quelle idée. On ne peut pas faire un transmédia juste parce qu’on l’a décidé après coup, juste pour un but lucratif ou parce qu’on s’est dit « tiens cross-média, c’est à la mode, moi aussi je vais en faire un… »
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Seulement 35 % des projets cross-médias financés par le CNC aboutissent. (citation de Gaetano Stucchi, Forum Blanc 2011) Il me semble que c’est très peu.
Bien sûr, il y a des choses simples qu’on peut apprendre à faire ou à ne pas faire et qui permettront de réaliser un produit cross-média fonctionnel, mais sans l’idée, sans la créativité presque infinie que demande un transmédia, sa réalisation ne restera qu’une théorie donnant naissance un projet infructueux.
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Par ailleurs, il est intéressant de noter que Anthony Roux, un des fondateurs d’Ankama (société qui a créée Dofus/Wakfu le fameux succès story du transmédia) a précisé que, pour eux, l’artiste est à l’honneur. Ankama n’a pas mis l’accent sur l’aspect Com ou marketing, mais sur l’artiste créateur. Par exemple, ils ne font pas de plaquette ni de document marketing, mais ils publient des artbook qui, au final, remplissent un peu la fonction de plaquettes tout en étant, par définition, un objet support de création artistique. À la base, leur univers n’était pas un transmédia, mais simplement une bonne idée, un univers tellement riche et un auteur créateur tellement plein d’idées que l’univers après avoir vu le jour avec le jeu online Dofus (2004) s’est mis à déborder naturellement sur les autres supports.
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Il me semble évident que si on ne possède pas un univers riche une idée capable de grossir encore et encore et de s’étendre naturellement sur plusieurs supports alors il devient très difficile de mettre en place un transmédia.
Par contre, si on a créé un univers énorme, très riche et ramifié, faire un transmédia n’est plus qu’une question de synchronisation, de gestion, de diffusion et de répartition de l’univers sur les supports mis à disposition.
Pour conclure la première chose à avoir pour faire un transmédia, c’est une idée énorme, un monde qu’on porte en soi capable de nourrir une super production… ensuite il n’y a plus qu’à produire. Mais bien sûr, produire un transmédia, ce n’est pas si simple et ce n’est pas non plus tout à fait comme produire un projet ordinaire… mais nous reparlerons plus tard de cette production habilement synchronisée et terriblement réactive que demande un transmédia.