Avec l’arrivée des nouveaux médias numériques, les supports de créations se diversifient. Cette multiplicité des médias entraîne un phénomène nouveau qui consiste à réaliser non plus une création unique sur un support unique, mais à mettre en œuvre une déclinaison d’adaptations successives sur de multiples supports.
À partir de ces expériences de déclinaisons multiples apparaît une innovation appelée le transmédia qui consiste d’une part, en une technique de production simultanée de versions de la même création sur différents médias et d’autre part, en une diffusion interactive, relationnelle et synchrone sur plusieurs médias. Ainsi, le transmédia permet de faire naître une synergie particulière entre les différents médias.
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La narration délinéarisée du transmédia permet de développer une même histoire sur plusieurs médias de natures différentes. L’utilisateur, pour explorer l’ensemble de l’univers proposé par le transmédia, sera tenté de naviguer d’un média à un autre et cela, même si c’est un type de média qu’il n’utilise pas ordinairement. Un tel décloisonnement des différents médias offre aux spectateurs une expérience nouvelle : un univers narratif immenses dans lequel il doit créer sa propre navigation. Par ailleurs, cette variété des médias utilisés demande aux créateurs de transmédia d’anticiper les spécificités des différents médias qu’ils vont utiliser pour raconter l’histoire, afin que les liens entre ces différents supports soient suffisamment pertinents.
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De plus, le transmédia ne semble pas être un simple effet de mode, mais un nouveau modèle de création qui s’adapte aux changements politiques, sociaux et culturels de notre société. Le transmédia intègre les nouveaux médias, les nouvelles tendances : sites communautaires, histoires collectives, web social, web mobile, etc. Le transmédia mélange ainsi plusieurs médias, qu’ils soient anciens ou très récents. De plus, ces médias aux spécificités variées, associés pour la narration d’une même histoire, créent une synergie particulière entre les différents médias qui se revalorisent mutuellement au fil de la narration. En effet, dans un transmédia, chaque média renvoie le spectateur sur les autres médias utilisés pour raconter une histoire commune. Tous ces médias sollicités utilisent des écrans variés : l’écran de l’ordinateur, du téléphone portable, du cinéma…
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Le transmédia s’incarne en partie sur des écrans, tous traversés par ce contenu commun. Cette pratique transmédia soulève en particulier le prolème de l’impact du transmédia sur les relations du spectateur aux écrans et des écrans entre eux. Est-il possible d’envisager le cross-média comme une mutation de la relation des différents écrans les uns par rapport aux autres ? L’utilisation transversale de ces écrans par le transmédia confère t’elle de nouvelles spécificités à ces différents écrans ? Le transmédia permet-il une revalorisation mutuelle des différents écrans traversés par la narration ? Certains médias utilisés très récemment dans des projets transmédias comme la réalité augmentée ou la stéréoscopie ne supposent-ils pas une dématérialisation des écrans, ou un débordement de leur format ? Les spectateurs face à une oeuvre transmédia sont invités à naviguer d’un média à un autre passant ainsi par différents écrans. Le spectateur a alors un rapport transversal à l’histoire, sa vision devient multi-écrans. En quoi cette perception multi-écrans change la relation du spectateur à l’oeuvre ?